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De nouvelles mesures visant à stopper la propagation des ravageurs de végétaux

Des pousses de fèves. Photo FAO/Claudia Nicola
Des pousses de fèves. Photo FAO/Claudia Nicola

De nouvelles mesures visant à stopper la propagation des ravageurs de végétaux

Climat et environnement

L'organe chargé de maintenir la sécurité du commerce mondial des plantes et des produits végétaux a adopté de nouvelles normes phytosanitaires en vue de prévenir les ravageurs destructeurs pour l'environnement et l'agriculture de traverser les frontières et de se propager à l'échelle internationale.

Les normes standardisées et développées par la Convention internationale pour la protection des végétaux (IPPC) proposent de nombreuses stratégies et techniques afin de prévenir l'introduction et la propagation des maladies végétales et des ravageurs vers de nouveaux environnements, évitant ainsi les impacts souvent dévastateurs que cela pourrait entraîner sur la biodiversité, la sécurité alimentaire et le commerce.

« Il s'agit d'un travail stimulant qui comporte des enjeux élevés : chaque année, 10 à 16 pour cent de notre récolte mondiale est gâchée à cause des ravageurs de végétaux. Ces pertes sont estimées à 220 milliards de dollars », a déclaré Mme Maria Helena Semedo, Directrice générale adjointe de la FAO, lors du lancement de la réunion annuelle de l'IPPC, qui se tenait à Rome.

Selon les données de la FAO, la valeur des produits agricoles vendus à l'international chaque année s'élève à 1,1 trillion de dollars, l'alimentation représentant plus de 80 pour cent du total.

Parmi les nouvelles mesures adoptées cette semaine par l'organe directeur de l'IPPC, la Commission pour les mesures phytosanitaires (CMP), figurent des normes sur l'utilisation de nombreux traitements thermiques contre les ravageurs agricoles. La norme vise à s'assurer que de tels traitements sont utilisés de manière consistante et efficace dans différents contextes opérationnels.

Elle révise aussi la norme sur l'assainissement des emballages en bois. Une norme existante, connue sous le nom d'ISPM-15, a été mise à jour pour inclure l'utilisation de fluorure de sulfuryle - un insecticide gazeux - et des technologies de chauffage de nouvelle génération qui utilisent les microondes et les ondes de fréquence radio pour générer des températures mortelles pour les ravageurs dans les produits en bois.

De nouvelles mesures vont aussi être étudiées pour élargir la norme sur l'utilisation de la vapeur thermique pour tuer les mouches orientales des fruits. La mouche Bactrocera dorsalis très destructrice, qui s'attaque aux fruits, s'est maintenant répandue dans au moins 65 pays. Apparue en Afrique en 2003, la mouche a provoqué près de 2 milliards de dollars de pertes annuelles en raison des interdictions à l'exportation ciblant les fruits. La méthode pour y faire face, présentée sous cette nouvelle mesure, permet de tuer 99,98 pour cent des œufs et des larves de l'insecte lorsqu'utilisée correctement.

La Commission de l'IPPC a également approuvé des révisions qui harmonisent les normes existantes concernant les mouches à fruit afin qu'il soit plus facile pour les pays de les respecter et d'améliorer leur efficacité, ainsi que les révisions d'une norme qui regroupe les meilleures pratiques pour la mise en œuvre de programmes de surveillance des ravageurs.

Le marché alimentaire mondial comporte des avantages mais également des risques

Une fois introduits dans de nouveaux environnements, les dangereux «auto-stoppeurs» que le marché mondial transporte avec lui - des maladies et des ravageurs de végétaux - peuvent rapidement prendre racine et se propager, et ainsi avoir un impact désastreux sur la production alimentaire et entraîner des milliards de dollars de pertes économiques et d'importantes mesures de  gestion des coûts. Une étude récente menée en Afrique de l'Est a révélé par exemple que seules cinq espèces exotiques envahissantes provoquaient des pertes économiques de près d'1,1 milliard de dollars chaque année aux petits exploitants agricoles de la région.

Non seulement les fruits, les cultures et les semences peuvent s'infecter, mais les containers et les boîtes dans lesquels ils voyagent aussi. Les emballages des expéditions internationales sont généralement fabriqués en bois, un matériau relativement peu coûteux, facile à fabriquer mais qui peut facilement être infecté par une variété d'écorces et de ravageurs de bois et faire ainsi office de vecteur. Les produits en bois et dérivés du bois, comme les meubles, peuvent également abriter des passagers clandestins.

Cela signifie non seulement que les récoltes alimentaires sont menacées, mais que les forêts et les trains le sont aussi. De récentes études, présentées lors de la réunion qui s'est tenue cette semaine, ont révélé que la perte de couvert forestier provoquée par les ravageurs envahissants pouvait avoir pour conséquence une augmentation du nombre de maladies liées au stress et, fort probablement à une hausse du taux de mortalité humaine.

La nécessité de contenir de telles menaces expliquent la création de l'IPPC en 1951. Depuis cette date, l'organe a promulgué près de 100 normes qui couvrent un vaste éventail de questions phytosanitaires. Il s'agit également de mettre en œuvre de nombreux programmes dont l'objectif est de partager les informations sur les meilleures pratiques existantes et de renforcer la capacité des pays en développement à gérer les ravageurs et les maladies végétales, chez eux et dans le contexte des flux commerciaux.