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A Genève, l’ONU débat de la réglementation des systèmes d’armes létales autonomes dits « robots tueurs »

La Haut-Représentante pour les affaires de désarmement de l’ONU, Izumi Nakamitsu (archives).
UN Photo/Manuel Elias
La Haut-Représentante pour les affaires de désarmement de l’ONU, Izumi Nakamitsu (archives).

A Genève, l’ONU débat de la réglementation des systèmes d’armes létales autonomes dits « robots tueurs »

Paix et sécurité

La première réunion 2018 du groupe d’experts gouvernementaux sur les technologies émergentes dans le domaine des systèmes d’armes létales automatiques (SALA), dit « robots tueurs », a ouvert ses travaux lundi au bureau de l’ONU, à Genève.

Pendant une semaine, les représentants de plus de 70 États et de la société civile discuteront de la composante humaine dans le cadre de l’utilisation de ces systèmes, des aspects de l’interaction homme-machine, mais aussi du développement, du déploiement et de l'emploi de technologies émergentes, dans le domaine des SALA.

Les participants doivent également examiner les applications militaires potentielles des technologies connexes dans le cadre des travaux du Groupe, sans oublier les solutions possibles pour relever les défis humanitaires et de sécurité internationale.

Ces travaux sont d’autant plus importants que les progrès en matière d’intelligence artificielle continuent de poser de gigantesques défis.

Même s’il reste encore du chemin avant que les États ne s’entendent pour se doter d’une législation commune sur les systèmes d’armes létales automatiques, dès l’ouverture de le séance, Amandeep Singh Gill, l’Ambassadeur de l’Inde et Président du Groupe d’experts gouvernementaux sur les SALA, s’est voulu optimiste sur ces travaux.

Les États devront rendre des comptes en cas d’actions mortelles

Rappelant le rapport de consensus adopté par le Groupe d’experts en novembre 2017, l’Ambassadeur de l’Inde a souligné que l’une des orientations retenues est que la responsabilité pour le développement de tout système d’armement de conflit appartient aux Etats. « Donc les Etats doivent veiller à pouvoir rendre des comptes en cas d’actions mortelles appliquées par les forces dans un conflit armé », a-t-il précisé.

Selon lui, en raison de l’évolution rapide des technologies, les travaux sur les SALA ne doivent pas toutefois « empêcher les progrès, ni empêcher l’accès à la recherche et au développement civil et l’utilisation de ces technologies ».

« Le monde traverse un boom en matière de développement technologique et scientifique », a déclaré pour sa part Izumi Nakamitsu, la Haut-Représentante pour les affaires de désarmement de l’ONU, dans un discours lu par Anja Kaspersen, Directrice du Bureau des affaires de désarmement des Nations Unies à Genève.

Selon elle, ces nouvelles technologies ont des conséquences sur tous les aspects de la vie moderne, y compris dans la façon dont nous travaillons et sur l’environnement de notre sécurité globale.

« Nous commençons à révolutionner les secteurs de l’industrie, du transport, des soins de santé et d’autres secteurs. Dans le temps, cela devrait apporter ses bénéfices partout dans le monde », a-t-elle fait remarquer. « Toutefois, comme l’a dit récemment le Secrétaire général de l’ONU, à côté de ces avantages, il y a également des risques ».

Des conséquences incertaines, éventuellement indésirables

Mme Nakamitsu a cité à cet égard, les progrès technologiques donnant lieu à des méthodes et moyens de livrer la guerre, « avec des conséquences incertaines, éventuellement indésirables ». « L’un des attributs du processus de négociations du Groupe, c’est précisément qu’il essaie d’établir un délicat équilibre entre les considérations d’ordre militaire et humanitaire », a-t-elle dit.

Pour ces discussions de Genève, elle plaide pour une approche inclusive lors des négociations afin de « dégager un consensus sur un entendement commun quant aux limites possibles du degré d’autonomie dans l’utilisation de la force létale », concernant notamment les défis que soulèvent ces nouvelles technologies d’un nouveau type et la convergence de ces technologies en matière de non-prolifération, de désarmement et de limitation des armements.

« Il est vital que le dialogue soit inclusif et transparent tout en démontrant une capacité à être à la hauteur des défis que posent ces nouveaux développements technologiques », a-t-elle déclaré.