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Gaza : le chef des droits de l’homme de l’ONU met en garde Israël contre l’usage excessif de la force

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Zeid Al Hussein.
Photo : ONU/Jean-Marc Ferré
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Zeid Al Hussein.

Gaza : le chef des droits de l’homme de l’ONU met en garde Israël contre l’usage excessif de la force

Paix et sécurité

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) a exhorté Tel-Aviv à veiller à ce que ses forces de sécurité n’utilisent pas une force excessive contre les manifestants palestiniens le long de la barrière séparant la bande de Gaza et Israël.

En effet, à la lumière des tragiques événements de la ‘Grande marche du retour’ vendredi dernier, le chef des droits de l’homme de l’ONU redoute et s’inquiète que de nouvelles violences interviennent lors des manifestations prévues aujourd’hui et dans les semaines à venir le long de la barrière séparant la bande de Gaza et Israël.

Dans ces conditions, le Haut-Commissariat rappelle à Israël qu’il est de son devoir de ne pas employer de force excessive contre les manifestants. «Dans le contexte d’une occupation militaire, comme à Gaza, le recours injustifié et illégal d’armes à feu par les forces de l’ordre peut entraîner un meurtre délibéré, ce qui constitue une infraction grave à la quatrième Convention de Genève », a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, Liz Throssell, lors d’un point de presse ce vendredi à Genève.

Selon le HCDH, les forces de sécurité israéliennes sont tenues, en vertu du droit international des droits de l’homme, de respecter l’exercice des droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’expression, et d’utiliser, dans la mesure du possible, des moyens non violents pour s’acquitter de leurs fonctions de maintien de l’ordre.

« Des indications d’un usage excessif de la force » vendredi dernier, selon le Bureau des droits de l’homme

Cette mise en garde des services du Haut-Commissaire Zeid intervient alors que la semaine dernière, « 16 personnes ont été tuées par des tirs réels lors des manifestations et des informations font état également de 1000 autres blessés dont des centaines qui auraient été touchés par des balles réelles ».  « Etant donné le grand nombre de blessés et de morts, les déclarations inquiétantes des autorités israéliennes dans les jours qui ont précédé la manifestation, ainsi que des indications selon lesquelles les personnes tuées ou blessées n’étaient pas armées ou ne représentaient pas une menace sérieuse pour les forces de sécurité bien protégées - et, dans certains cas, fuyaient la barrière - il y a de fortes indications que les forces de sécurité ont eu recours à un usage excessif de la force », a ajouté Liz Throssell.

L’ONU rappelle que conformément au droit international des droits de l’homme, les armes à feu ne peuvent être utilisées qu’en en dernier recours, en cas d’extrême nécessité et en cas d’une menace grave pour la vie ou de risque de blessure grave. Selon Liz Throssell, une tentative d’approche ou de franchissement de la clôture de la barrière de séparation « ne constitue certainement pas une menace grave qui justifierait l’utilisation de munitions réelles ».

Des experts indépendants de l’ONU condamnent et souhaitent une enquête

De leur côté, des experts indépendants de l’ONU ont condamné les meurtres des manifestants palestiniens près de la barrière de Gaza par les forces de sécurité israéliennes et ont exhorté la communauté internationale à garantir la reddition des comptes par une enquête indépendante et impartiale sur la réponse israélienne.

« Le droit international fixe des interdictions strictes sur l’usage de la force par les forces de l’ordre », ont déclaré les experts des droits de l’homme. Ces derniers ainsi que le Haut-Commissaire Zeid ont fait écho à l’appel lancé par le Secrétaire général des Nations Unies, qui suite à ces incidents, avait plaidé pour une enquête indépendante et transparente sur ces affrontements mortels le long de la barrière séparant la bande de Gaza et Israël.

Or selon Michael Lynk, Rapporteur Spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, Agnès Callamard, Rapporteur spécial de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, arbitraires et sommaires et Leilani Farha, Rapporteur spécial sur le logement convenable, il y a de fortes inquiétudes face aux informations selon lesquelles le Ministre israélien de la défense aurait déclaré qu’il n’y aurait pas d’enquête sur les actions d’Israël.