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Calais : des experts de l’ONU exhortent la France à fournir de l’eau potable et des services d’assainissement aux migrants

Un garçon traverse un camp de migrants à Calais, dans le nord de la France. Selon les estimations, environ 900 migrants et demandeurs d'asile sont hébergés dans la région, la plupart sans toilettes.
UNICEF/Geai
Un garçon traverse un camp de migrants à Calais, dans le nord de la France. Selon les estimations, environ 900 migrants et demandeurs d'asile sont hébergés dans la région, la plupart sans toilettes.

Calais : des experts de l’ONU exhortent la France à fournir de l’eau potable et des services d’assainissement aux migrants

Migrants et réfugiés

Des experts des droits de l’homme de l’ONU ont exhorté mercredi la France à faire davantage pour fournir de l’eau potable, des services d’assainissement et des abris d’urgence aux migrants et aux demandeurs d’asile à Calais, Grande-Synthe, Tatinghem, Dieppe et dans d’autres régions de la côte du nord de la France.

Selon les experts indépendants, jusqu’à 900 migrants et demandeurs d’asile à Calais, 350 à Grande-Synthe, et un nombre inconnu dans d’autres localités septentrionales vivent actuellement sans accès à des abris d’urgence convenables et sans accès régulier à l’eau potable, aux toilettes et aux installations sanitaires.

« Les migrants et les demandeurs d’asile situés le long de la côte du nord de la France et ceux qui ne peuvent pas être accueillis dans le gymnase de Grande-Synthe vivent une situation inhumaine », a déclaré Léo Heller, le Rapporteur Spécial sur les droits à l’eau potable et à l’assainissement. Les migrants logent ainsi dans des tentes, sans toilettes, et se lavent dans des eaux polluées d’une rivière ou d’un lac.

Les experts de l’ONU ont souligné qu’en l’absence d’alternatives valables pour un accès au logement convenable, y compris dans la région de Calais, le démantèlement des camps n’est finalement pas une solution à long terme. « Nous sommes préoccupés par les politiques migratoires toujours plus rétrogrades et les conditions insalubres dans lesquelles vivent les migrants, » a dénoncé le Rapporteur Spécial sur les droits de l’homme des migrants, Felipe González Morales.

Des bénévoles humanitaires et des ONG sous pression

Pourtant depuis l’an dernier, le gouvernement français a mis en œuvre des mesures temporaires afin de fournir l’accès à des abris d’urgence, à l’eau potable et aux services d’assainissement pour un certain nombre de migrants et de demandeurs d’asile. Une de ces mesures a été d’embaucher une organisation locale qui fournit un accès à l’eau potable et à des douches pour les migrants se trouvant le long de la côte nord de la France. Aussi, 200 migrants sont accueillis dans un gymnase à Grande-Synthe.

Mais les experts onusiens jugent « insuffisants » ces efforts faits par Paris. « Je suis préoccupé que pour chaque pas en avant, nous en faisons deux en arrière », a souligné M. Heller qui cite à cet égard la situation le long de la côte nord de la France qui « est emblématique du besoin d’attention accrue des autorités nationales et internationales à cet égard ». Ce dernier entend d’ailleurs aborder la question des droits à l’eau potable pour les personnes déplacées de force dans un rapport qu'il transmettra à l’Assemblée générale des Nations Unies plus tard dans l’année.

De façon générale, les experts indépendants de l’ONU rappellent que les migrants, indépendamment de leur statut, ont des droits comme par exemple l’accès à un logement convenable, à l’éducation, aux soins de santé, à l’eau potable et aux services d’assainissement, et aussi au système judiciaire et aux voies de recours. « En les privant de leurs droits ou en y empêchant l’accès, la France viole ses obligations internationales en matière de droits de l’homme », a souligné le Rapporteur Spécial sur les droits de l’homme des migrants, Felipe González Morales.

Par ailleurs, les experts ont lancé un appel à l’action pour arrêter le harcèlement et l’intimidation des bénévoles et des membres des ONG qui fournissent une aide humanitaire aux migrants.  Les Rapporteurs Spéciaux disent avoir pris contact avec le gouvernement français afin d’obtenir des précisions sur ces préoccupations.