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Niger : une experte de l’ONU exhorte les autorités à adopter rapidement une stratégie sur le déplacement

Deux jeunes garçons au camp de Maina Kaderi pour personnes déplacées dans la région de Diffa, au Niger.
Photo OCHA/Federica Gabellini
Deux jeunes garçons au camp de Maina Kaderi pour personnes déplacées dans la région de Diffa, au Niger.

Niger : une experte de l’ONU exhorte les autorités à adopter rapidement une stratégie sur le déplacement

Droits de l'homme

Une experte des droits de l’homme de l’ONU a exhorté le gouvernement du Niger à adopter une stratégie visant à garantir le respect des droits des personnes déplacées à la suite d’attaques par des groupes armés non-étatiques dans les régions de Diffa et de Tillabéry ayant conduit à la détérioration de la situation sécuritaire et au déplacement en interne de plus de 130.000 personnes.

« Malgré certaines mesures positives prises par le gouvernement, y compris la décision d’élaborer une loi sur les personnes déplacées dans leur propre pays incorporant les dispositions de la Convention de Kampala dans le droit interne, son approche du déplacement interne a été largement ad hoc », a déclaré la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits de l’homme des personnes déplacées dans leur propre pays, Cecilia Jimenez-Damary. « Les autorités nigériennes doivent intensifier leurs efforts et consacrer davantage de ressources et d’attention aux besoins des personnes déplacées internes, en collaboration avec les partenaires internationaux ».

Mme Jimenez-Damary a indiqué qu'il y avait environ 130.000 personnes déplacées internes dans la région de Diffa, dans le sud-est du pays, alors qu’à Tillabéry, dans l’ouest du pays, des chiffres non officiels indiquent qu’il y a plus de 8.000 déplacés internes. « Les personnes déplacées vivent dans des conditions précaires, souvent sous la menace de la violence et de nouveaux déplacements, et privées d’un logement adéquat, d'accès à la nourriture, à de l’eau potable, à des soins de santé et à l’éducation », a-t-elle dit.

L’experte a averti que la perspective de nouvelles vagues de déplacement dans la région de Tillabéry était très probable et nécessitait une stratégie qui a été absente jusqu’à présent.

Elle a encouragé le gouvernement « à tirer des leçons de la situation actuelle à Diffa, afin d’assurer une réponse globale, qui prenne en compte les besoins humanitaires et les droits de l’homme des personnes déplacées internes à tous les stades de la crise de déplacement ». « J’ai appris que de nombreuses personnes déplacées sont soupçonnées d’être associées à des groupes armés non-étatiques. Bien que des préoccupations légitimes de sécurité existent, la grande majorité des déplacés internes sont des civils et doivent être traités comme tels en vertu du droit international humanitaire et des principes de protection », a-t-elle ajouté

Avec l’augmentation des opérations militaires dans la région de Tillabéry, la protection des civils est vitale, a-t-elle dit. « Il est essentiel que, à ce stade, la force du G5 Sahel se dote d’une stratégie de protection des civils. J’appelle également le Gouvernement, les forces de défense et de sécurité et l’équipe humanitaire pays à travailler main dans la main pour renforcer la coordination entre les acteurs civils et militaires afin de répondre efficacement aux besoins des personnes déplacées », a déclaré la Rapporteuse.

Le déplacement interne dans la région de Diffa a entraîné la perte de réseaux de protection sociale, l’exposition aux abus et autres risques de protection tels que le mariage précoce, la violence sexuelle et sexiste, les tensions intercommunautaires et les conflits fonciers et de propriété.

« A Diffa, les personnes déplacées que j’ai rencontrées ont indiqué que les conditions de vie restent précaires dans de nombreuses régions et ne sont pas encore propices à leur retour en raison de l’insécurité persistante, de la destruction des infrastructures et des logements et de l’absence de services de base dans leurs zones d’origine », a ajouté Cecilia Jimenez-Damary.