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Corée du Nord : la question des droits de l’homme ne doit pas être mise de côté (expert ONU)

Conférence de presse de Tomas Ojea Quintana, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée.
Photo : ONU/Rick Bajornas
Conférence de presse de Tomas Ojea Quintana, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée.

Corée du Nord : la question des droits de l’homme ne doit pas être mise de côté (expert ONU)

Droits de l'homme

Alors que Pyongyang et Washington ont annoncé une prochaine rencontre au sommet, un expert de l’ONU a appelé lundi à ne pas perdre de vue la question des droits de l'homme en Corée du Nord.

« Nous assistons aujourd’hui à ce qui apparaît comme des avancées rapides possibles sur le front politique et sécuritaire, avec l’établissement de canaux de communication entre les deux Corées ainsi qu’avec les Etats-Unis d’Amérique, et des sommets historiques programmés dans un futur proche », a déclaré le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), Tomas Ojea Quintana.

Ce dernier présentait son second rapport sur la Corée du Nord devant le Conseil des droits de l’homme à Genève. Une session qui s’est tenue en l'absence du représentant nord-coréen.

Depuis le début de son mandat en juillet 2016, l’expert onusien a toujours insisté sur la nécessité de ne pas rompre le dialogue avec la RPDC mais aussi de ne pas privilégier les seules questions sécuritaires au détriment des droits de l’homme.

M. Ojea Quintana a de nouveau demandé au Conseil à ce que la question des droits de l’homme en Corée du Nord ne soit pas mise au second plan et à continuer à jouer un rôle actif pour que ces droits soient respectés. L’expert a exhorté Pyongyang à consolider son rapprochement avec Washington avec l’ouverture parallèle d’un examen des droits de l’homme.

« Mon message principal aujourd’hui est que toute avancée des discussions sur la sécurité devrait s’accompagner par un élargissement du dialogue sur les droits de l’homme », a déclaré M. Ojea Quintana, soulignant qu’un rapprochement politique à long terme ne sera pas possible si l’impunité et l’indifférence envers les droits de l’homme en Corée du Nord continuent.

Pyongyang doit davantage collaborer avec les mécanismes de l’ONU

Devant les 57 membres du Conseil, le Rapporteur spécial a rappelé plusieurs questions cruciales de droits de l’homme en RPDC.

Sur la séparation des familles depuis la guerre de Corée (1950-1953), aucune réunion sur ce sujet n’a eu lieu depuis octobre 2015, a rappelé M. Ojea Quintana, appelant à ce que les rencontres des familles séparées reprennent au plus vite, compte tenu de l’âge des personnes concernées.

Les nombreuses restrictions à la liberté d’expression et à la liberté de mouvement ainsi que le problème du système carcéral extensif en Corée du Nord « continuent de soumettre le peuple à l’arbitraire et à l’impunité des fonctionnaires », a souligné l’expert indépendant.

Pour le Rapporteur spécial, les conditions de détention dans les prisons politiques des ministères de la sécurité d’État et de la sécurité du peuple sont des plus préoccupantes. Les informations faisant état de torture et de mauvais traitements continuent, en particulier à l’encontre des femmes rapatriées de l’étranger de force, certaines d’entre elles ayant été de plus victimes de trafic des êtres humains, d’esclavage sexuel ou de mariage forcé en Chine.

Concernant la situation socio-économique, le rapport de l’expert fait état d’un accès difficile aux produits de base. L’insécurité alimentaire est un problème chronique en Corée du Nord, où 41% de la population – soit 10,5 millions de personnes de tous âges – souffrent de malnutrition.

De façon générale, le rapport de M. Ojea Quintana déplore le climat d’impunité qui s’est installé de longue date en RPDC. Le Rapporteur spécial a déclaré qu’il revient en premier lieu aux autorités du pays la reddition essentielle de comptes. Faute de quoi, il reviendrait alors à la communauté internationale, et en particulier au Conseil de sécurité, d’assumer leurs responsabilités, a conclu l'expert.

M. Ojea Quintana a une nouvelle fois demandé à pouvoir se rendre en Corée du Nord, tout en insistant sur la nécessité de la part de Pyongyang de collaborer davantage avec les mécanismes des droits de l’homme de l’ONU.