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Soudan du Sud : l’ONU estime nécessaire d’élargir ses efforts de protection des civils

La Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, Bintou Keïta, devant le Conseil de sécurité (archives)
Photo : ONU
La Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, Bintou Keïta, devant le Conseil de sécurité (archives)

Soudan du Sud : l’ONU estime nécessaire d’élargir ses efforts de protection des civils

Paix et sécurité

A l’occasion d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée au Soudan du Sud, la Sous-Secrétaire générale des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, Bintou Keita, a souligné mardi que la priorité de la Mission des Nations Unies (MINUSS) était d’élargir ses efforts de protection des civils au-delà des bases de l’ONU.

A ce jour, 200.000 personnes déplacées continuent d’être hébergées sur les bases de la MINUSS, a indiqué la Sous-Secrétaire générale, qui présentait au Conseil de sécurité le Rapport spécial du Secrétaire général sur la prorogation du mandat de la MINUSS.

Mme Keïta a souligné que la gestion et la livraison de l’aide vers les sites de protections des civils représentait un effort difficile. En outre, certains sites sont devenus « extrêmement politisés » et en proie aux activités de gangs, créant un niveau de criminalité extrêmement difficile à contenir avec les ressources existantes et en l’absence de coopération du gouvernement sud-soudanais.

Ces sites, a-t-elle poursuivi, continuent d’être source de désaccord avec le gouvernement qui prétend qu’ils servent de refuge à des éléments de l’opposition armée. En outre, malgré les efforts de la MINUSS, la violence sexuelle et sexiste est devenue un grave problème dans certains d’entre eux, alors que les femmes et les enfants y représentent environ 80% de la population.

Plus de la moitié du personnel en uniforme de l’opération de maintien de la paix est affecté à la protection de ces sites où se trouvent seulement une fraction de la population civile ayant besoin d’être protégée, a fait observer la Sous-Secrétaire générale. Il n’y aura « jamais » suffisamment de troupes pour protéger à la fois les sites de la Mission et élargir la présence protectrice de la MINUSS dans d’autres zones comptant une forte densité de personnes déplacées, a-t-elle averti.

Pour Mme Keita, l’augmentation de l’efficacité des efforts de protection au-delà des sites doit demeurer une priorité majeure de la Mission, notamment en mettant sur pied une approche intégrée et axée sur la personne, et en évitant les doubles emplois.

Le risque d’un conflit militaire a diminué à Juba

Depuis l’adoption de la résolution 2304 (2016), le risque d’un conflit militaire dans la capitale, Juba, a considérablement diminué. Il serait donc nécessaire de faire quelques ajustements au mandat de la Force régionale de protection, a estimé Mme Keïta, avant d’indiquer qu’une étude des capacités militaires et de police avait été demandée afin d’envisager comment limiter le nombre de troupes déployées dans les sites de protection des civils.

Devant le Conseil, Mme Keita a indiqué que l’accord de cessation des hostilités conclu le 21 décembre 2017 lors du Forum de revitalisation de haut niveau avait été violé à maintes reprises depuis son entrée en vigueur le 24 décembre.

Pour que ces violations cessent, elle a estimé que les signataires devaient non seulement en être tenus pour responsables, mais aussi se voir privés des moyens de poursuivre le combat. Sans poursuites pénales et sans cessation de l’approvisionnement des parties belligérantes en armes et en munitions, la souffrance de la population du Soudan du Sud ne cessera pas, a-t-elle averti.

Pour protéger de manière effective la population civile, il importe de trouver une solution politique au conflit, laquelle, a estimé la Sous-Secrétaire générale, permettra aussi de tracer la stratégie de sortie de la MINUSS. Sans progrès sur le plan politique, la Mission risque d’être déployée pendant longtemps et à un prix considérable pour la communauté internationale, a-t-elle averti.