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Yémen : l’ONU dénonce une escalade du conflit et appelle à relancer les négociations de paix

Le quartier d'Al Qahira ravagé par la guerre dans le gouvernorat de Taëz au Yémen (archives).
Photo PAM
Le quartier d'Al Qahira ravagé par la guerre dans le gouvernorat de Taëz au Yémen (archives).

Yémen : l’ONU dénonce une escalade du conflit et appelle à relancer les négociations de paix

Aide humanitaire

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed, a dénoncé mardi devant le Conseil de sécurité un regain d’affrontements au Yémen ces deux derniers mois et a appelé les parties prenantes yéménites à cesser les hostilités et à relancer les négociations de paix.

« Les deux derniers mois ont vu une nouvelle escalade de grande ampleur des affrontements militaires à Al-Hodeidah, Al-Jawf, Sana’a et Al-Baida ainsi que dans les zones situées le long de la frontière entre le Yémen et l'Arabie saoudite. Les Houthis continuent de tirer des missiles balistiques sur le Royaume d'Arabie Saoudite », a-t-il souligné devant les membres du Conseil.

« Les combats dans le gouvernorat de Taëz ont été particulièrement sanglants et destructeurs, tandis qu'Aden et les gouvernorats voisins ont été le théâtre d'affrontements continus », a ajouté Ismail Ould Cheikh Ahmed, qui va bientôt quitter ses fonctions et sera remplacé par Martin Griffiths.

Il a rappelé qu’il y avait « une feuille de route pour le Yémen ». « Les suggestions pratiques pour la lancer et renforcer la confiance entre les parties ont été acceptées. Le seul élément manquant est l'engagement des parties à faire des concessions et à donner la priorité à l'intérêt national. C'est ce qui nous fait douter de leur réelle intention de mettre fin à cette guerre », a déclaré l’Envoyé spécial.

Il a appelé les parties « à cesser les hostilités, à réactiver les négociations visant à un règlement pacifique ». « L'appel est destiné aux parties yéménites qui sont seules responsables de tout ce qui se passe. Je les invite à tourner la page de cette guerre épouvantable », a-t-il ajouté.

Aggravation de la crise humanitaire

Alors que le conflit se poursuit, la crise économique et humanitaire au Yémen s’est aggravée.

« Après trois années de conflit, les conditions au Yémen sont catastrophiques. Un nombre record de 22,2 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire ou de protection, dont 8,4 millions de personnes qui sont confrontées à une grave insécurité alimentaire », a dit pour sa part le Directeur des opérations du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), John Ging, dans un exposé prononcé au nom du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Mark Lowcock.

« Travaillant avec près de 200 partenaires, la réponse coordonnée par l’ONU est cruciale pour des millions de personnes à travers le pays. En 2017, nous avons progressivement augmenté le nombre de personnes recevant une aide alimentaire d'urgence chaque mois, passant de 3 millions à plus de 7 millions », a dit M. Ging.

Malgré ces efforts, la vie des Yéménites a continué de se dégrader dans un contexte de regain des affrontements depuis novembre, ayant entraîné le déplacement de 100.000 personnes. « Davantage de gens ont faim et la famine reste une menace réelle. Bien que les cas de choléra soient en baisse, la maladie n'a pas encore été vaincue et devrait repartir à la hausse au cours de la prochaine saison des pluies », a dit John Ging.

Il a rappelé qu’en janvier, l'ONU et ses partenaires ont publié un plan d'intervention humanitaire pour 2018, qui prévoit 2,96 milliards de dollars pour aider 13,1 millions de personnes. « Assurer le financement intégral de ce plan est une priorité absolue », a déclaré John Ging.

Le 3 avril, le Secrétaire général de l’ONU réunira une conférence de bailleurs de fonds à Genève, organisée par la Suède et la Suisse.