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Soudan du Sud : l’ONU rappelle 46 de ses policiers après des allégations d'exploitation sexuelle

Un camp de déplacés à Wau, au Soudan du Sud. (archives). Photo OCHA/Guiomar Pau Sole
Un camp de déplacés à Wau, au Soudan du Sud. (archives). Photo OCHA/Guiomar Pau Sole

Soudan du Sud : l’ONU rappelle 46 de ses policiers après des allégations d'exploitation sexuelle

Femmes

La Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a rappelé une unité de 46 policiers onusiens de la ville de Wau après le signalement d’allégations d'exploitation sexuelle.

« Le 8 février, une plainte a été reçue alléguant que des membres de l'unité de police ghanéenne (FPU) de la MINUSS ont eu des rapports sexuels avec des femmes vivant sur le site de protection des civils des Nations Unies à Wau », a indiqué la Mission dans un communiqué publié samedi.

Une enquête préliminaire a immédiatement été lancée par le Bureau des services de contrôle interne (OIOS), un bureau indépendant des Nations Unies. Le Représentant spécial de l’ONU au Soudan du Sud, David Shearer, et d'autres haut-responsables de la MINUSS ont été informés de l'enquête dans la matinée du 22 février. Le même jour dans l’après-midi, la Mission a décidé de retirer immédiatement l'unité de police de leurs lieux d'affectation sur le Site de protection de civils de Wau. L'unité a été entièrement transférée vers Juba au cours des deux jours suivants et les 46 policiers confinés à leur base dans la capitale sud-soudanaise.

La MINUSS a précisé avoir pris ces mesures immédiates pour protéger et aider les victimes et les témoins potentiels dans cette affaire pendant qu'une enquête approfondie est menée.

Une violation flagrante du Code de Conduite de l'ONU

Tolérance zéro, aucune excuse et aucune seconde chance. Telle est l’approche de la MINUSS en matière d'exploitation et d'abus sexuels. « Notre priorité est de donner la priorité aux droits et à la dignité des victimes et de garantir la transparence et la responsabilité de ces actions », a indiqué la Mission de maintien de la paix.

Les informations reçues par la MINUSS indiquent que certains membres de l’unité de police auraient eu des relations sexuelles tarifées. « Il s’agit d’une violation flagrante du Code de Conduite de l'ONU et de la MINUSS qui interdit les relations sexuelles avec des personnes vulnérables, y compris tous les bénéficiaires de l'aide »,  précise la Mission qui a informé le siège des Nations Unies à New York des allégations. Le Secrétariat de l’ONU a notifié au Ghana que l'affaire faisait l'objet d'une enquête de la part des Nations Unies.

« Rien n'indique que ce comportement soit plus répandu au sein de la mission », souligne la MINUSS qui compte plus de 17.000 membres du personnel de maintien de la paix, dont 13.000 militaires et 1.500 policiers.

Etablie en 2011 par le Conseil de sécurité, la MINUSS a pour mandat de construire une paix durable et de protéger les civils au Soudan du Sud touché par un conflit généralisé.

« Tout acte d’exploitation et d’abus sexuels sape le travail critique de la Mission et compromet sa crédibilité auprès du peuple du Soudan du Sud. Cela ne peut pas et ne sera pas toléré », a souligné la MINUSS.

Un personnel formé et sensibilisé au fléau de l’exploitation et des abus sexuels

Au sein de la MINUSS, nul n’est censé ignorer que l’exploitation et les abus sexuels sont interdits. Tout le personnel en uniforme de la Mission est tenu de participer à des formations sur ce fléau dès leur sélection ainsi que durant les deux semaines suivant leur déploiement. Tout le personnel de la MINUSS a reçu des cartes ‘Aucune excuse’ pour l’exploitation et les abus sexuels et des points focaux chargés de la conduite et de la discipline sont présents dans chaque zone de déploiement. Des annonces sur ce sujet sont diffusées au quotidien et les responsables de missions ne manquent pas d’avertir régulièrement le personnel lors de leurs interventions.

« Dans l'ensemble, les soldats de la paix et policiers ghanéens affectés à la MINUSS ont apporté une excellente contribution à la protection des civils et à l'instauration d'une paix durable au Soudan du Sud », a tenu à rappeler la Mission. « Il est très décevant que le comportement de certains policiers risque de ternir ce service ainsi que la réputation de la Mission ».