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Guinée Bissau : la crise politique exige une présence prolongée de l’ONU

Modibo Touré, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Guinée-Bissau devant le Conseil de sécurité (archives).
Photo ONU/Kim Haughton
Modibo Touré, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Guinée-Bissau devant le Conseil de sécurité (archives).

Guinée Bissau : la crise politique exige une présence prolongée de l’ONU

Paix et sécurité

La poursuite de l’impasse politique en Guinée Bissau justifie une présence prolongée de l’ONU dans le pays et un appui aux efforts régionaux, a indiqué mercredi le Représentant spécial du Secrétaire général, Modibo Ibrahim Touré, aux membres du Conseil de sécurité.

Le 13 janvier dernier, le Président de la Guinée Bissau, José Mario Vaz, a démis Umaro Sissoco Embaló de ses fonctions de Premier Ministre et l’a remplacé par Artur Silva. Mais la nomination de ce dernier a été rejetée par les différents partis politiques représentés au parlement qu’ils considèrent comme non conforme à l’Accord de Conakry. Il incombe désormais au Président de nommer un autre chef de gouvernement par consensus, comme le prévoit l’Accord.

 « Mes efforts se sont concentrés sur l’engagement des autorités nationales et des principaux acteurs politiques en Guinée-Bissau pour désamorcer les tensions, encourager le dialogue politique pour apaiser l’impasse politique, appeler à la protection et au respect des droits humains des citoyens bissau-guinéens, et exhorter tous les intervenants lésés à poursuivre leurs griefs par des moyens légaux et constitutionnels », a précisé M. Touré qui dirige également le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS).

Le Représentant spécial a toutefois reconnu que l’absence d’un gouvernement fonctionnel et stable pendant plus de trois ans a limité la capacité du BINUGBIS à mettre en œuvre efficacement et durablement certaines de ses tâches.

Selon M. Touré, son Bureau devra maintenant concentrer ses efforts sur le soutien aux dirigeants nationaux dans leurs efforts pour nommer un Premier ministre acceptable par tous, établir un gouvernement inclusif, organiser et conduire des élections opportunes et mettre en œuvre les réformes prioritaires telles que définies dans l’Accord de Conakry et la Feuille de route de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Le mandat de la BINUGBIS arrive à échéance à la fin du mois de février, mais pour M. Touré, il est important que l’ONU reste engagée dans les efforts de consolidation de la paix en Guinée-Bissau pendant au moins une année de plus.

« Jusqu’à l’achèvement du cycle électoral de 2019, la Guinée-Bissau reste un pays qui exige une présence des Nations Unies pour empêcher une nouvelle détérioration de la situation politique et sécuritaire au niveau national et éviter tout débordement sur les pays voisins », a-t-il prévenu.

Appui aux sanctions de la CEDEAO

À ce moment crucial, le Conseil de sécurité doit continuer à réaffirmer la primauté de l’Accord de Conakry et à réitérer son soutien à la CEDEAO dans ses efforts de sanction et de médiation à l’égard des acteurs politiques qui entraveraient la résolution de la crise politique, a souligné le Représentant spécial.

Le 4 février, l’Autorité de la CEDEAO, conformément à sa décision du 27 janvier, a imposé des sanctions ciblées à l’encontre de 19 individus faisant obstruction à la mise en œuvre de l’Accord de Conakry. Ces personnes et les membres de leurs familles font maintenant l’objet d’interdictions de voyager et de gel des avoirs. Ils ont également été privés d’exercer une activité au sein de la CEDEAO.

L’Autorité a également demandé à l’Union africaine (UA), à la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), à l’Union européenne (UE), à l’ONU et à d’autres partenaires de soutenir et de faciliter l’application de ces sanctions. « Mon opinion mesurée, c’est que la stigmatisation induite par les sanctions aiderait les parties prenantes nationales à faire les compromis nécessaires vers une résolution définitive de la crise », a dit M Touré.

Le Représentant spécial a en outre demandé l’appui du Conseil pour souligner l’importance d’organiser et de tenir d’urgence des élections législatives dans le respect du calendrier prévu par la Constitution. Il a en outre appelé les membres du Conseil et les donateurs internationaux à soutenir la présence continue de la Mission de la CEDEAO en Guinée-Bissau (ECOMIB) jusqu’à la tenue d’une élection présidentielle en 2019.