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Humanitaire : l’ONU lance un appel record de 35 milliards de dollars pour 230 millions de personnes dans le besoin en 2021

Une femme déplacée est assise dans sa tente dans un camp informel à Gao qui accueille 300 ménages qui ont fui leur maison à Tessit, au Mali, en raison du conflit en cours.
Photo : OCHA/Michele Cattani
Une femme déplacée est assise dans sa tente dans un camp informel à Gao qui accueille 300 ménages qui ont fui leur maison à Tessit, au Mali, en raison du conflit en cours.

Humanitaire : l’ONU lance un appel record de 35 milliards de dollars pour 230 millions de personnes dans le besoin en 2021

Aide humanitaire

L’ONU et ses partenaires ont lancé, mardi, un appel humanitaire record de près de 35 milliards de dollars pour 2021, la pandémie de Covid-19 ayant fait « des ravages » et plongeant des centaines de millions de personnes dans la pauvreté.

Le rapport intitulé « Global Humanitarian Overview » indique que 235 millions de personnes dans le monde auront besoin d’une assistance humanitaire en 2021. Pour la plupart, ce sont des personnes parmi les plus vulnérables, qui sont confrontées à la faim, aux conflits, aux déplacements et aux conséquences du changement climatique et de la pandémie de Covid-19.

« Les budgets de l’aide humanitaire font face à des coupes terribles alors que l’impact de la pandémie mondiale continue de s’aggraver », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU. António Guterres.

Il appelle le monde à « se tenir aux côtés des populations dans les moments les plus sombres de leur vie ». Il s’agit ainsi de se mobiliser pour éviter la famine, lutter contre la pauvreté et maintenir les enfants vaccinés et scolarisés.

En 2020, la pandémie de Covid-19 a modifié le paysage de la réponse humanitaire en rendant 235 millions de personnes tributaires de l’aide internationale. Il s’agit d’une augmentation de 40% par rapport à la même période l’année dernière (160 millions). Ainsi, si toutes ces personnes vivaient dans un seul pays, ce serait le cinquième pays plus peuplé du monde.

Syrie, Yémen, RDC, Burkina Faso et Corne de l’Afrique parmi les urgences

La crise du coronavirus a plongé des millions de personnes dans la pauvreté et a fait monter en flèche les besoins humanitaires. D’ici à la fin 2020, 270 millions de personnes pourraient souffrir d’insécurité alimentaire aiguë, soit plus de 80% de plus qu’avant la pandémie.

La population au Yémen, au Burkina Faso, au Soudan du Sud et dans le nord-est du Nigéria lutte contre la faim, tandis que d’autres pays et régions, comme l’Afghanistan et le Sahel, sont également « potentiellement très vulnérables », a déclaré à la presse le chef des affaires humanitaires de l’ONU, Mark Lowcock.

A l’image de ces dernières années, la Syrie va rester largement en tête des besoins, avec environ 2 millions de personnes supplémentaires qui auront des besoins humanitaires, devant le Yémen et la République démocratique du Congo (RDC).

Pour la crise syrienne, l’ONU demande près de six milliards de dollars pour aider des millions de réfugiés syriens, mais aussi les Syriens à l’intérieur de leur pays où « le ralentissement économique sans précédent a entraîné la perte des moyens de subsistance, la dépréciation de la monnaie et la hausse des prix ».

Toujours au Moyen-Orient, ce sont près de 3,5 milliards de dollars qui sont demandés pour soutenir environ 20 millions de personnes au Yémen, en proie à la plus grave crise humanitaire sur la planète.

Sur le continent africain, un nombre croissant de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë en République démocratique du Congo. Dans la Corne de l’Afrique, outre les conséquences de la crise du Tigré éthiopien au Soudan voisin, l’Éthiopie faisait déjà face aux conséquences de l’invasion de criquets pèlerins et de la pandémie. Dans ces conditions, plus de 2,1 millions de personnes supplémentaires ont eu besoin d’une aide humanitaire.

Jeunes filles dans le camp d'Al Dhale'e pour les personnes déplacées par le conflit au Yémen.
Photo : YPN/OCHA
Jeunes filles dans le camp d'Al Dhale'e pour les personnes déplacées par le conflit au Yémen.

Une hausse « presque entièrement liée » au coronavirus

Au Burkina Faso, l’appel est passé de 424 millions de dollars l’an dernier à 607 millions de dollars cette année. Cette hausse est due à la détérioration de la sécurité alimentaire, mais aussi aux conséquences des catastrophes naturelles et de la pandémie sur la situation socio-économique. Le nombre de personnes dans le besoin est passé de 2,9 millions à 3,5 millions en raison de l’aggravation des conflits et de l’insécurité dans les zones touchées.

Au Mozambique, les besoins sont passés de 35,5 millions de dollars à 254 millions de dollars en raison de l’inclusion de provinces supplémentaires dans le plan localisé de Cabo Delgado.

Le tableau que nous présentons est le plus sombre que nous ayons jamais exposé en matière de besoins humanitaires - Mark Lowcock, chef de l'OCHA

Au total, 34 dispositifs pour 56 pays sont prévus pour ce Plan humanitaire mondial 2021.

« Un choix clair s’impose à nous. Nous pouvons laisser 2021 être l’année du grand retournement - l’effritement de 40 ans de progrès - ou nous pouvons travailler ensemble pour nous assurer que nous trouvons tous un moyen de sortir de cette pandémie », a déclaré Mark Lowcock, chef du Bureau de la coordination humanitaire de l’ONU.

L’augmentation du nombre de personnes qui auront besoin d’une assistance humanitaire est « presque entièrement liée » au coronavirus, a ajouté M. Lowcock.

« Le tableau que nous présentons est le plus sombre que nous ayons jamais exposé en matière de besoins humanitaires à venir », a-t-il fait valoir lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève. Pour M. Lowcock, « le monde riche peut maintenant voir la lumière au bout du tunnel. Il n’en va pas de même dans les pays les plus pauvres ».

Une famille fuit les violences à Idlib, en Syrie (archives).
Photo : OCHA/HFO
Une famille fuit les violences à Idlib, en Syrie (archives).

7 personnes sur 10 aidées par l’ONU et ses partenaires

Or, « la crise (Covid-19) est loin d’être terminée », a d’ailleurs précisé de son côté M. Guterres. Selon le chef de l’ONU, le coronavirus « a fait basculer des millions de personnes dans la pauvreté et a fait exploser les besoins humanitaires ».

D’une manière générale, les Nations Unies estiment que la vie des gens dans tous les pays et aux quatre coins du monde a été bouleversée par l’impact de la pandémie. Ceux qui vivent déjà sur le fil du rasoir sont touchés de manière disproportionnée par la hausse des prix alimentaires, la baisse des revenus, l’interruption des programmes de vaccination et la fermeture des écoles. « L’extrême pauvreté a augmenté pour la première fois en 22 ans », souligne le rapport, avertissant que « de multiples famines se profilent à l’horizon ». 

La pandémie a fait basculer des millions de personnes dans la pauvreté et a fait exploser les besoins humanitaires - António Guterres, Secrétaire général de l'ONU

Autre problème, le changement climatique a un énorme « impact ». Huit des dix pays les plus vulnérables sur cette question sont également des Etats où la présence des humanitaires est importante.

Les conflits et les désastres ont provoqué aussi un record de déplacements dans le monde. Au cours de la dernière décennie, le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays par les conflits et la violence a été le plus élevé jamais enregistré. L’ONU estime à 51 millions le nombre de personnes déplacées, nouvelles ou existantes, et le nombre de réfugiés a doublé pour atteindre 20 millions.

A noter que les donateurs internationaux ont octroyé cette année 17 milliards de dollars pour la réponse humanitaire. L’ONU et ses partenaires ont aidé cette année un record de 7 personnes sur 10 parmi celles qu’ils voulaient assister. Sur le terrain, les organisations humanitaires locales et mondiales sont prêtes à sauver des vies et ont donc besoin de la solidarité et d’un financement du reste du monde.