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Il est temps de payer : un sommet historique pour promouvoir le financement du développement durable

Des bannières arborant les objectifs de développement durable (ODD) disposées devant le siège des Nations Unies à New York. 20 septembre 2019.
ONU Info/Conor Lennon
Des bannières arborant les objectifs de développement durable (ODD) disposées devant le siège des Nations Unies à New York. 20 septembre 2019.

Il est temps de payer : un sommet historique pour promouvoir le financement du développement durable

Développement durable (ODD)

Une économie mondiale durable, qui préserve la planète et améliore les vies partout dans le monde, constitue également une formidable opportunité de créer de nouveaux emplois et de nouvelles opportunités commerciales représentant des milliers de milliards de dollars, selon l'ONU. Mais pour que cela se produise, la communauté internationale doit rapidement augmenter ses investissements.

Dans le but de convaincre les pays de dépenser leur argent dans des domaines en lien avec les 17 objectifs de développement durable (ODD), l'ONU réunit jeudi des dirigeants de gouvernements, d’entreprises et du secteur financier à New York pour le premier Dialogue de haut niveau sur le financement du développement depuis l'adoption du programme d'action novateur d'Addis-Abeba en 2015, qui définit une série de mesures audacieuses pour réformer les pratiques financières mondiales et orienter l’argent vers une série de défis économiques, sociaux et environnementaux.

L’ONU estime que la réalisation des ODD pourrait générer quelque 12.000 milliards de dollars de valeur pour l’économie mondiale et créer 380 millions de nouveaux emplois d’ici 2030. Toutefois, pour atteindre cet objectif, il faudra investir entre 5.000 et 7.000 milliards de dollars par an, tous secteurs confondus. Actuellement, les niveaux d’investissement sont bien en dessous de ce niveau.

Plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer ce déficit, notamment une croissance économique inégale et des inégalités croissantes. Parmi les autres facteurs, citons les mesures restrictives pour le commerce, l’endettement croissant et la baisse des investissements étrangers directs, qui empêchent de nombreux pays d’investir dans les objectifs de développement durable.

Liu Zhenmin, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales, a déclaré dans un entretien écrit à ONU Info que, compte tenu des changements nécessaires et des vastes besoins de financements, les ressources privées devront compléter les fonds publics qui constituent le pilier des ressources disponibles. « Compte tenu des défis importants auxquels nous sommes confrontés, la transition vers la durabilité dans les systèmes financiers ne se produit pas à l’ampleur requise, ni au rythme requis », a-t-il averti.

Le Secrétaire général adjoint a reconnu que l'intérêt et les investissements dans les objectifs augmentaient : le secteur financier intègre de plus en plus les risques liés au climat dans ses processus décisionnels en matière d'investissements, tandis que les outils numériques et l'innovation financière libèrent de nouvelles sources de financements pour le développement durable.

Projets en cours en Afrique

En Afrique, des projets soutenus par la Banque mondiale démontrent l’impact positif que le développement durable peut avoir sur les communautés. L’Etat insulaire de São Tomé e Príncipe, très vulnérable aux inondations, à l’érosion côtière et aux catastrophes naturelles, bénéficie du Programme de gestion des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest, qui aide ce gouvernement à prendre en compte les risques climatiques lors de la planification d’infrastructures telles que des routes et des bâtiments publics et à s’assurer qu'ils sont construits à une certaine distance du rivage.

Le Maroc, l'un des pays les plus touchés par le changement climatique, fait face à une grave érosion des côtes, à une hausse des températures et à une baisse des précipitations. Des programmes soutenus par la Banque mondiale aident le gouvernement marocain à prendre en compte l’impact des politiques climatiques sur différents secteurs de l’économie, et des économies d’énergie considérables ont été réalisées grâce à l’utilisation d’énergies renouvelables et à l’amélioration de l’efficacité énergétique.

« La réalisation du développement durable nécessite une perspective à long terme », a déclaré M. Zhenmin. « Les incitations publiques et privées doivent être alignées sur le développement durable, de sorte que toutes les décisions de financements mettent la durabilité au centre des préoccupations ».

La conférence devrait permettre de lancer un appel à des actions collectives pour inciter les États Membres et le secteur privé à annoncer de nouvelles mesures et des actions concrètes permettant d’accroître le financement du développement durable.

L’appel du Secrétaire général de l’ONU à l’action en matière de financement :

  • Les décideurs politiques et les régulateurs doivent créer un environnement d'investissements à long terme permettant un développement durable visant à promouvoir la santé et le bien-être des personnes et de la planète.
  • Mise en œuvre par le secteur financier de stratégies d’investissement durable, d’instruments financiers « verts » à grande échelle et d’impacts mesurables.
  • Action par les actionnaires et les citoyens pour accroître la demande d'investissements plus écologiques et plus durables et pour une plus grande divulgation d'informations sur la durabilité afin d'accroître la responsabilité et la transparence.