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Soudan : il reste peu de temps pour éviter une catastrophe, alerte le PAM

Une jeune fille vend des glaces dans l’État de Kassala, à l’est du Soudan.
© UNICEF/Ahmed Elfatih Mohamdeen
Une jeune fille vend des glaces dans l’État de Kassala, à l’est du Soudan.

Soudan : il reste peu de temps pour éviter une catastrophe, alerte le PAM

Aide humanitaire

Il reste peu de temps pour éviter une catastrophe dans les régions soudanaises déchirées par la guerre, ont averti mercredi deux hauts responsables onusiens, relevant que cette crise dans ce pays d’Afrique du Nord-Est n’a pas reçu l’attention qu’elle mérite.

Selon le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM), le temps presse pour sauver des vies alors que la famine menace dans les régions touchées par le conflit.

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Cette alerte intervient alors que les civils sont piégés par l’intensification des combats dans le nord du Darfour. Dans le même temps, la saison des pluies va commencer en juin, rendant inaccessibles les voies de transport essentielles.

C’est aussi la période de soudure - lorsque les stocks de nourriture s’épuisent et que la faim atteint son paroxysme. Or « la situation est désespérée et se détériore rapidement », a mis en garde le Directeur exécutif adjoint du PAM, Carl Skau, à la suite d’une mission au Soudan cette semaine.

Plus de 40 points chauds de la faim

Sur le terrain, il ne reste que quelques semaines pour faire des réserves de nourriture dans certaines parties du Darfour et du Kordofan avant que la saison des pluies ne commence et que de nombreuses routes ne deviennent impraticables.

« Le PAM vient actuellement en aide à quelque 2,5 millions de personnes. Nous avons la capacité d’intensifier et d’étendre notre aide, mais pour cela nous avons besoin que toutes les parties facilitent l’accès - à la fois à travers les lignes de front des belligérants, ainsi qu’à travers la frontière du Tchad et du Soudan du Sud », a dit M. Skau.

Au moins 5 millions de personnes au Soudan sont au bord de la famine (IPC4 du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire). Les experts du PAM avertissent que ce nombre pourrait avoir considérablement augmenté depuis la dernière évaluation de la classification intégrée des phases (IPC) en décembre 2023.

Une analyse préliminaire du PAM a identifié une quarantaine de points chauds de la faim qui présentent un risque élevé de basculer dans la famine (IPC5) au cours du mois à venir, la plupart d’entre eux se trouvant dans des zones à accès limité où le conflit fait rage, notamment dans la région du Darfour et du Kordofan, ainsi qu’à Khartoum.

Détérioration de la situation au Nord-Darfour

Le PAM a averti à plusieurs reprises que le Soudan pourrait connaître la pire crise de la faim au monde alors que le conflit entre dans sa deuxième année. Si aucune mesure n’est prise immédiatement, la fenêtre permettant d’éviter la famine se referme rapidement.

Comme pour aggraver les choses, l’escalade des combats ces derniers jours dans la capitale du Nord-Darfour, El Fasher, a fait un « grand nombre de morts et de blessés » parmi les civils. Selon le PAM, les hostilités ont aussi endommagé le seul hôpital opérationnel de l’État et entravé l’accès de l’aide humanitaire à la ville et au-delà. 

« J’exhorte les parties belligérantes à respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit international, à savoir protéger les civils et mettre fin aux combats », a dit le Directeur exécutif adjoint du PAM.

Plus largement, le PAM estime que la situation au Soudan n’a pas reçu l’attention qu’elle mérite et que cela doit changer maintenant. « Des efforts diplomatiques concertés et davantage de ressources sont nécessaires de toute urgence pour protéger les civils et renforcer la réponse humanitaire. Le PAM est engagé et prêt à jouer son rôle », a conclu M. Skau.

« Un enfer de violence brutale » 

La plus haute responsable humanitaire au Soudan, Clémentine Nkweta-Salami, a également estimé que la communauté internationale doit accorder davantage d'attention et de ressources au Soudan ravagé par la guerre, où des millions de personnes sont « piégées dans un enfer de violence brutale ».

S'adressant à des journalistes au siège de l'ONU à New York, la Coordinatrice humanitaire des Nations Unies au Soudan a averti que « le temps presse » alors que la famine, les maladies et les combats se rapprochent de la population « et qu’il n’y a pas de fin en vue ».

« La communauté internationale ne peut pas rester les bras croisés alors que cette crise devient incontrôlable, alors que l'étau de ce conflit resserre son emprise sur la population civile », a-t-elle dit.

Elle a particulièrement attiré l'attention sur l'escalade des hostilités à El Fasher, capitale de l'État du Nord-Darfour. Elle a prévenu que « si les parties ne reculent pas du bord du précipice », les conséquences seront dévastatrices pour les 800.000 personnes présentes.